Forum des Saumoniers

RODANGES

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Descartes, une victoire?

Rappel historique
En 1983 le barrage de Descartes sur la Creuse, abandonné par la papeterie de Descartes qui l’avait équipé pour la production électrique, n’est plus qu’un vestige. Alors que les collectivités situées en amont s’engagent dans le plan de restauration des poissons migrateurs sur l’axe Vienne/Creuse/Gartempe (plus de 60 MF investis à cette date), il est concessionné au Conseil Général d’Indre-et-Loire, qui le reconstruit (4 MF, soit environ 600.000 euros) et le concède en 1989 à la Société Générale Hydro-Electricité. La G.H.E souhaite l’équiper de deux turbines. La Fédération de pêche d’Indre-et-Loire, LOGRAMI et ANPER-TOS portent l’affaire devant les tribunaux administratifs. Elles seront déboutées en 1994 par le Conseil d’Etat. Bien qu’ayant gagné, la G.H.E. ne pourra équiper le barrage dans le délai fixé par l’administration, qui refusera de délivrer une nouvelle autorisation. Le barrage ne sera plus équipable à partir du moment où le délai de rééquipement sera forclos, ce qui arrive quelques années plus tard. Cela implique que pour tout nouvel équipement une solution de démantèlement d’un barrage équivalent, sur le même axe Creuse-Gartempe, soit effectif ce qui est très difficile voire impossible à réaliser.
Une première crue endommage le barrage, qui sera réparé puis équipé à grands frais d’une passe à bassins, avec système de comptage. Coût total, 1,3 M€.
C’est alors qu’une société d’économie mixte (mais si, vous avez bien : financement publics, profits essentiellement privés) se constitue sous le nom de ‘’Forces Hydrauliques de Descartes’’ (FHD) et présente un projet de rééquipement du barrage, qui sera validé par le commissaire enquêteur - un commissaire-enquêteur fait là où on lui dit de faire - malgré l’opposition des associations et des réserves des services de la DREAL et de l’OFB. Le projet prévoit une production, basée sur des débits des années 1980-90 (sic), de 1MW, ce qui n’équivaut même pas à la moitié d’une éolienne.
ANPER-TOS, la SEPANT et FNE-Centre contestent l’arrêté préfectoral devant le tribunal administratif ; ce recours est encore effectif, en attente d’une certitude concernant l’avenir du barrage.
Mais c’est la Creuse elle-même qui donnera la réponse par la crue du 14 juillet 2021, qui endommage gravement le barrage en emportant un clapet de 18 tonnes. Il se trouve désormais dans le lit de la Creuse avec bien peu de possibilités de l’en retirer.
Et là, la donne change. Tant qu’il s’agissait de profiter d’un barrage déjà en état car réparé par des fonds publics, tout allait bien. Mais s’il s’agit d’assumer le coût de reconstruction, ce n’est plus la même bonne affaire, et le FHD se désengage du projet, ce qui fait que ce sont les services de l’Etat, propriétaire du barrage, qui en reprennent la gestion.
Les élus locaux tentent alors de se retourner contre Vigicrues qui n’aurait pas averti le pétitionnaire. Mais lors d’une réunion le représentant de l’OFB, fort bien inspiré, fera remarquer que les barrages à clapets sont équipés d’un système automatique de déclenchement d’abaissement des clapets, lequel système est normalement géré par le gestionnaire du barrage. Et puisqu’il y a eu manquement, les élus devraient plutôt se retourner contre cette FHD qu’ils tentent de défendre par ailleurs.
Les services de l’Etat lors de cette récente réunion à laquelle nous assistions, ont présenté un projet, sous expertise d’une société recrutée par appel d’offres, qui doit étudier les conséquences d’un démantèlement. Les élus locaux ont protesté, mais en l’absence de pétitionnaire pour un projet qui apparaît désormais peu rentable, on peut raisonnablement penser que la cause est entendue, que la voie est libre pour les migrateurs, et que le premier obstacle qu’ils rencontreront depuis la mer sera désormais le barrage de La Guerche, lequel se trouve dans un situation d’illégalité depuis plusieurs années.
Un courrier vient d’être envoyé par ANPER concernant la situation de ce barrage.
On rappellera que concernant les migrateurs l’axe Vienne-Creuse-Gartempe est le premier grand axe intéressant depuis la mer, et que les comptages en aloses et lamproies sont sans doute les plus importants au niveau européen.
Mais je ne doute pas que telle fondation qui n'y est pour rien mais sait se faire valoir auprès des médias (ah, le petit accent exotique qui plaît tant aux intervieweurs!), se félicitera de ce résultat.

Dernière édition de: RODANGES (08-01-2023 11:49:28)