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#1 07-12-2020 13:13:26

RODANGES
Adhérent
Inscrit(e): 06-10-2016
Messages: 427

Enquête publique barrage de Descartes

https://www.indre-et-loire.gouv.fr/Publ … s-en-cours

Il s’agit  d’un lien pour l’enquête publique concernant le barrage de Descartes sur la Creuse, barrage sans usage et qui est le premier obstacle rencontré par les migrateurs depuis la mer sur l’axe Loire-Vienne- Creuse-Gartempe-Anglin. Cette enquête se termine le 23 décembre.
Je vous joins ci-après quelques explications tirées du dossier que nous (ANPER-TOS-FNECVL, SEPANT Touraine, Indre Nature-Vienne Nature) comptons déposer à l’enquête publique. Si vous déposez –merci d’avance -ne reprenez pas les arguments mot pour mot, seulement les idées.
En bref : petit barrage autrefois ‘’à aiguilles ‘’, qui faisait tourner des turbines (1720 kW, plus que le projet projeté de 999 kW) pour alimenter une papèterie. Turbines abandonnées en 1961. Un premier projet échoue dans les années 1980-90 grâce à ANPER-TOS. Le barrage est endommagé par une crue. Après la suppression de Maisons-Rouges les migrateurs reviennent (site le plus fréquenté en Europe par la lamproie marine). Le barrage est retapé et on lui met une passe à poissons pour justifier le maintien du barrage, et on le maintient pour justifier une passe pas très efficace par ailleurs.
Le département tient à tout prix à donner un usage à ce barrage pour faire oublier sa gabegie d’argent public et a donc imaginé ce projet débile. Le barrage n'ayant plus d'autorisation de turbiner (Merci ANPER-TOS) mais ayant toujours une existence légale le pétitionnaire doit trouver pour l'équiper la suppression d'un autre obstacle de même hauteur sur le même axe. Et ça coince pour l'instant.
Extrait de notre déposition (à réécrire). :
« Sur le territoire national, en tout temps et en tout lieu, l’article L216-7 du code de l’environnement réprime le délit d’interruption de la circulation des poissons migrateurs. Le PARCE de 2010 en son annexe 1-5 et le L 214-17 sont à prendre en compte. Il faut démontrer et pas seulement affirmer que le bénéfice des aménagements et de la production serait supérieur à l’impact écologique. Stratégie de l’Etat (doc. AFB-2017-05-12) »
1.1 Sur l’énergie d’origine hydroélectrique
« Principale énergie renouvelable, modulable et stockable, l’énergie hydroélectrique joue un
rôle crucial pour la sécurité et l’équilibre du réseau électrique français) (page 45)
« L’énergie hydroélectrique est produite de manière continue et commandable, c’est-à-dire que l’on peut, dans le cadre d’un contrat de vente de l’énergie adapté, moduler la production en fonction des besoins, ce que permet difficilement une éolienne. » (page 45)

Le propos est inexact et le pétitionnaire tente de faire passer le barrage de Descartes pour ce qu’il n’est pas. Ce qui est vrai pour les grands barrages, qui stockent de l’eau et donc de l’énergie immédiatement disponible, est faux pour les centrales au fil de l’eau. Le pétitionnaire, comme il le fait dans d’autres parties de son plaidoyer, attribue à ce projet les caractéristiques qui valident l’existence des grands barrages mais ne sont pas applicables à Descartes. En effet pour correspondre à ce qu’il annonce il faudrait tout d’abord que le barrage ait une capacité de stockage. Or l’étendue du plan d’eau généré par le barrage est dérisoire de ce point de vue, et son fonctionnement s’effectue à cote, et donc à volume, constants. D’autre part pour correspondre à une demande intermittente, il faudrait que la centrale ne fonctionne que lors des pics de demande, ce qui diminuerait encore le productible que nous jugeons déjà trop faible pour assurer une rentabilité minimale. Le pétitionnaire introduit lui-même cette contradiction en déclarant que l’énergie est produite « de manière continue » : il n’y a donc pas de modulation de la puissance générée en fonction des besoins. Seul le contrat passé ‘’module’’ le tarif de rachat, et le pétitionnaire tente de nous faire passer la modulation du gain pour une modulation de la production. On jugera du procédé. Tout cet argumentaire vaut pour les aménagements hydroélectriques pilotables mais ne s’applique pas au petits équipements au fil de l’eau qui sont prisonniers des débits des cours d’eau qui les animent, comme celui qui est proposé. Par ailleurs tout ce §III.3 est un « copier-coller » des publications du principal lobby de la petite hydraulique en France.
L’enterrement des lignes jusqu’à 63kV est une technologie parfaitement maitrisée et souvent adoptée quand on se soucie vraiment de l’enjeu paysager. Par ailleurs on peut douter que l’apport d’une source éminemment variable puisse résoudre des problèmes d’alimentation locale.
L’un des arguments destinés à justifier le projet repose sur la nécessité d’éviter d’avoir à Descartes une demande qui serait supérieure à la capacité locale du réseau, et donc de devoir raccorder l’agglomération avec l’installation d’une nouvelle ligne de transport de l’énergie. Le projet représente une puissance maximum instantanée de 999 kW, que nous arrondirons à 1 MW pour plus de commodité. Or il existe déjà sur le site depuis 2017 une production d’énergie (méthanisation des boues de la station) qui répond en grande partie aux besoins de la papèterie, et allège d’autant le réseau.

De plus à cinq kilomètres de la ville de Descartes, sur la friche industrielle de l’ancien site de l’usine Everite qui produisait des éléments en amiante-ciment, il a été inauguré en 2018 une unité de production à partir de panneaux photovoltaïques, d’une capacité de 7,5 MW crête, soit l’équivalent de 3500 habitants si l’on reprend les comparaisons qui sont celles du pétitionnaire. On peut y ajouter le site de Sénillé-St-Sauveur, à une vingtaine de kilomètres, de 12 MW, qui de plus peut stocker (2,5 MWh) une partie l’énergie produite et la rend ainsi réellement modulable.

1.5 Sur les solutions alternatives, doctrine ERC
«   …  les impacts sur les espèces vivantes de ces deux énergies (éolienne et hydraulique)  ne peuvent être opposés car ils portent sur des espèces totalement différentes. » (page 53)

Soit, mais les éoliennes ne constituent pas un barrage de tout l’espace aérien, et si certaines espèces d’oiseaux sont dans un premier temps impactées par la présence d’une éolienne, elles s’adaptent assez rapidement comme le montrent les études. L’argument du pétitionnaire est une nouvelle fois spécieux. Même commentaire pour ce qui est de l’énergie photovoltaïque, les toitures de la papèterie permettant une implantation sans dommage visuel. Rappelons les centrales photovoltaïques récentes déjà citées, en particulier celle de Sénillé-Saint-Sauveur, qui offre entre autres la capacité de stocker l’énergie qu’elle produit, ce que ne peut faire l’installation projetée bien que le pétitionnaire tente de le faire croire en amalgamant barrages avec stockage d’eau / énergie et petites centrales au fil de l’eau.
Il ne s’agit pas ici d’opposer la petite hydraulique à l’éolien ou au solaire, mais de comparer une centrale placée sur un axe fluvial crucial pour la survie de plusieurs espèces en danger d’extinction à des alternatives déjà opérationnelles. En ce sens il manque dans le dossier l’étude d’alternatives sérieuses.
« L’ouverture des deux pertuis batardés de largeur totale 10 mètres ne constitue pas une
solution d’arasement à la mesure du cours d’eau, dont la largeur est de 60 mètres (jusqu’à
100 m au niveau de la retenu de Descartes). ». (Page 54)
« En conclusion, l’opportunité du maintien du barrage est forte, et elle est liée :
(…) accessoirement, à l’économie des coûts de démolition du barrage, qui seraient
particulièrement élevés du fait de l’environnement urbain dans lequel le plan d’eau
est imbriqué. » (page 55)

Il est assez remarquable que le pétitionnaire rejette ce moyen d’ouverture partielle comme solution, alors que dans le même temps elle est promue par EDF dans le dossier du barrage de Poutès en Haute-Loire, barrage de 7,10 mètres de hauteur, en cours de réalisation, avec ouverture de 10 mètres sur les 84 mètres du barrage lors du passage des migrateurs. L’ouverture de 10 mètres sur le barrage de Descartes correspondrait aux clapets mobiles qui sont la partie la plus modifiée du barrage originel.  Il s’agit pourtant d’une solution efficace, peu onéreuse, qui serait financée en grande partie (jusqu’à 80%) par la seule Agence de l’Eau Loire-Bretagne, sans parler de fonds européens. Le taux d’aide pour l’arasement est en effet plus élevé pour les ouvertures totales que pour les dispositifs de franchissement. On rappellera ici les conclusions de la Commission Evaluation de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne (Commission du Conseil d’administration qui analyse l’efficacité et l’efficience des aides de l’Agence). Les conclusions de cette commission concernant les aides à la continuité écologique sont qu’en cette matière l’arasement partiel ou total d’un barrage est la solution la plus efficiente et la moins onéreuse, ce qui explique les taux d’aides différenciés de l’Agence quant aux solutions proposées.
II ASPECTS FINANCIERS
On peut tout d’abord s’interroger sur l’abandon par les papèteries de l’ancienne usine de production hydroélectrique, et sur la préférence donnée au réseau à partir de 1961, alors que la puissance nominale (1760 kw) était supérieure au projet qui nous est présenté. Il est vrai que les petites installations de production ne bénéficiaient pas à cette époque de tarifs de rachats imposés à EDF bien au-dessus du coût réel de production, et donc subventionnés par l’argent du contribuable.

II.1 Création d’emploi (s) :
« La construction d’une centrale hydroélectrique, mais aussi son exploitation, permettent de créer puis maintenir des emplois locaux, non délocalisables. » (page 45)
Emploi (s) réellement projeté(s) Tableau page 49 : 1 à temps partiel (hors travaux).

Le calcul de la VAN (Valeur actuelle nette) ou du TRI (Taux de rendement interne) n’est pas réalisé et de ce fait la rentabilité de l’installation est évaluée sur des bases fantaisistes.
Rien ne permet de croire que le projet puisse être rentable, même sur 40 ans. Et il s’agit bien d’un projet réalisé en grande partie avec des deniers publics dont les promoteurs devraient être comptables.  L’estimation du productible a été́ réalisée à partir des données de débits journaliers entre 1977 et 2015. Si l’on se restreint au 15 dernières années afin de voir l’évolution des débits, on constate une forte baisse de la ressource en eau.
Le dossier met en évidence des baisses de module de 15% entre 2000 et 2015 – la baisse des débits s’est accélérée depuis –  mais le productible n’en porte pas la trace. Que se passerait-il si cette baisse se poursuivrait voire s’accélérait ? On voit bien que ce sont des financements publics qui sont utilisés …   
… forte érosion de compétitivité que subit la petite hydraulique qui apparaît bien aujourd’hui comme une technologie en sursis ne devant son développement actuel qu’à la perfusion des aides publiques. On ne sait pas si ces aides seront pérennisées dans un avenir proche, et l’exemple du photovoltaïque devrait inciter à la prudence.
Conclusion : Au final il s’agit pour ce projet d’une solution extrêmement coûteuse mais dont une partie des coûts est masquée par le fait que cette solution s’appuie sur des investissements considérables déjà réalisés notamment depuis 1986. Cela étant la solution proposée aligne des moyens importants pour prétendre diminuer l’impact résiduel. Et maintenant cette gabegie financière effectuée avec de l’argent public, sans contrepartie de recettes, tente d’être validée par un investissement dont le rendement est extrêmement douteux, et qui poursuivrait cette gabegie.
Il serait pourtant intéressant de faire le bilan économique depuis 1994 et de comparer une ouverture de l’ouvrage à tous les investissements passés et envisagés avec déjà des coûts actualisés d’investissements de 1 million d’euros entre 1985 et aujourd’hui, sans aucune recette. On aurait probablement des surprises qui feraient regretter de ne pas avoir effacé le barrage en 1994.  Cela devrait intéresser la Cour des comptes.
Car il nous est proposé un investissement de plus de 5 millions pour des recettes annuelles de 200 K€ diminuées des frais de fonctionnement en baisse de 0,5% pour an sur la durée de l’autorisation pour tenir compte des effets de la dérive climatique…. Mais les décisionnaires ne seront sans doute plus en place pour avoir à assumer personnellement leur impéritie. (…)
Eu égard au coût prévisible de ce projet, aux incertitudes qui pèsent sur sa rentabilité, dans le respect à la fois de la doctrine Eviter-Réduire-Compenser et de l’économie des deniers publics, il nous semble qu'un arbitrage de la Cour des Comptes en amont des décisions serait utile quant aux solutions alternatives proposées, tant pour la question de la production d'énergie que pour celle du devenir de ce barrage.

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#2 07-12-2020 17:36:50

Artza64
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Re: Enquête publique barrage de Descartes

Merci pour le travail et la mobilisation !
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