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Bonjour à tous , pour votre information .
Mehdi
Bonjour,
Marion LEGRAND nous a transmis les éléments de réponse qu'elle a pu vous apporter.
Nous pouvons que confirmer ces éléments et je me tiens à votre disposition pour en discuter avec vous (au 02 38 25 16 85) avant d'éventuelles recherches d'éléments complémentaires.
cordialement
Pierre STEINBACH
PS: pour mémoire et pour information plus compléte des destinataires de votre message, voici la réponse du tableau de bord Saumons-Lamproies-Aloses-Truites de mer du bassin Loire:
Concernant le saumon.
Les effectifs à Châtellerault ne sont en rien représentatifs de la population. En effet, à ce jour, compte tenu de la présence du complexe hydroélectrique de l'Isle Jourdain sur la Vienne, aucune zone de reproduction n'est accessible pour cette espèce sur ce cours d'eau. Ainsi, les faibles effectifs à Châtellerault ne doivent en rien vous inquiéter (c'est plutôt une bonne chose qu'il n'y en ait pas trop, car dans l'état actuel de ce cours d'eau, ils ne sont pas en mesure de se reproduire). Pour le reste des stations, les effectifs restent en effet faibles, bien en deça de ce que les cours d'eau peuvent accueillir. Néanmoins, il faut se rappeler qu'on estimait à moins de 100 saumons à Vichy la population de saumon à la fin des années 90. Presque 20 ans plus tard, je vous concède que l'amélioration est maigre. Pourtant des efforts ont été consentis : arasement de maison-rouge, de saint étienne du vigan (allier - 1998), abaissement du barrage de Blois (2005), interdiction de la pêche (1994), travail sur la libre circulation à minima pour la montaison (équipement de passes à poissons), intensification des déversements (oeufs, alevin et smolts) depuis le début des années 2000 (avec la pisciculture de Chanteuges en remplacement de la pisciculture d'Augerolles), mise aux normes des stations d'épuration (au moins pour les grosses agglomérations pour se mettre en conformité avec la directive européenne Eaux Résiduelles Urbaines -ERU).
Pour moi (tous migrateurs confondus), les faibles résultats (comparés à l'attendu) sont dus à des efforts conséquents restant à mener sur :
la question de la libre circulation :
une passe à poisson même de bonne confection peut toujours constituer un frein à la libre circulation des poissons notamment à cause d'un défaut d'entretien,
un nombre important de passes sont aujourd'hui non fonctionnelles soit par défaut d'entretien soit par défaut de conception,
la montaison a souvent été traitée sans qu'on ne se préoccupe de la dévalaison,
l'effet cumulé des ouvrages est réellement conséquent : 18 990 obstacles à l'écoulement recensés dans le BV Loire dans la base de données nationale de l'onema (ROE),
de nombreux seuils sont aujourd'hui à l'abandon ou n'ont plus d'usage mais continuent de constituer des freins à la migration, ces obstacles pourraient rapidement devenir transparents (création d'une brèche),
des axes historiquement importants pour le saumon ont été condamnés (vienne, creuse, Cher, loire, Sioule amont, bassin de la Maine) souvent pour un usage hydroélectrique. Ces ouvrages imposants (plus de 10 mètres de haut) sont maintenant anciens et si l'usage hydroélectrique peut se justifier, le génie civil a progressé et un réaménagement pourrait être envisagé à l'image de ce qui devrait se faire sur l'Allier pour le barrage de Poutès.
le compartiment marin : le saumon comme les autres amphihalins passe une grande partie de sa vie en mer (Groënland, iles Ferroé). Or les comités de gestion des poissons grands migrateurs (cogepomi) qui doivent gérer ces espèces, ne sont pas compétents dans ces zones. Les problèmes pouvant se poser pendant cette partie du cycle de vie sont :
la disponibilité des ressources (en lien avec la problématique de pillage des ressources marines)
le non respect et /ou l'insuffisance des mesures prises concernant la pêche des saumons en mer (rappelons que sur ces zones différentes populations de saumons se côtoient provenant de bassins voire de pays différents. Il est donc difficile de proposer des mesures restrictives quand les autres populations en présence ne se portent pas si mal)
la ressource en eau et sa qualité : l'hydrologie est évidemment un paramètre important pour les poissons, mais aujourd'hui nous avons encore du mal à définir les exigences de ces espèces vis à vis de la qualité de l'eau. L'aspect quantitatif étant lui aussi difficile à appréhender.
Pour les aloses, les comptages aux stations vidéo sont effectivement faibles depuis les 5 dernières années. Certains ont essayé d'expliquer ces faibles résultats par des débits moins propices pour les migrations qui concentreraient les aloses en aval des stations de vidéo-comptage. Il nous semble que, bien que nos stations soient situées assez en amont (environ 650km de l'estuaire pour la Loire ou l'allier - 250/270km pour le bv vienne), les débits seuls ne permettent pas d'expliquer ces faibles effectifs (notamment comparativement aux années antérieures). De façon à en avoir le coeur net nous avons effectué des prospections en aval de nos stations pour repérer des signes de reproduction d'aloses (bulls d'alose). Ces prospections ont abouti au constat que si des géniteurs pouvaient être observés en aval, ils n'y étaient pas présents en quantité démesurée. A noter tout de même cette année, un suivi assidu de la reproduction des aloses en aval de Châtellerault conduisant au décompte de plus de 5000 bulls pour l'instant (estimation de 2000 à 3000 géniteurs - à rajouter donc au comptage effectué sur cette station). Les autres pressions pesant sur l'alose (libre circulation, qualité des eaux) s'étant plutôt allégée, reste la pêche (pas de restriction) ou le changement global pour expliquer ces baisses d'effectifs.
A noter tout de même que cette baisse semble également être observée en Bretagne depuis 2009 et en adour-garonne (d'où hypothèse d'une modification à une échelle plus large que celle du bassin de la Loire ??). Par exemple, sur le bassin de la Garonne (Golfech + Tuilière), prés de 200 000 aloses étaient dénombrées en 1996, alors que moins de 1 000 ont été dénombrées en 2012 et 2013.
Pour les lamproies, les effectifs se maintiennent autour de 30 000 individus ce qui n'est pas exceptionnel compte tenu des capacités d'accueil du bassin Vienne (2,8 fois plus faible que ce qui était observé en 2007-2008). On observe effectivement une quasi disparition sur les stations très amont telles que Vichy qui est certainement due à la baisse d'effectifs de lamproie dans le bassin (rappelons que vichy située à 650km de l'estuaire est très haut pour les lamproies). Rappelons néanmoins que les aloses, les lamproies et le saumon avaient quasiment disparu du bassin de la Vienne et que la réouverture de ce bassin suite à l'arasement de Maison-Rouge a permis la recolonisation de ces cours d'eau par les poissons migrateurs (en attestent les comptages aux stations de Descartes et de Châtellerault). Il ne faudrait donc surtout pas donner l'idée que l'arasement d'ouvrage n'est pas efficace.
L'exemple de maisons rouges illustre très bien la réussite de ce type d'action : 5 ans après réouverture 5 898 aloses, 23 620 lamproies marines, 2 saumons et 3 433 anguilles sont comptés à Châtellerault. Le record pour cette espèce est observé en 2007 avec plus de 90 000 lamproies marine comptabilisées dans le bassin Vienne. Cette année prés de 40 000 lamproies sont déjà dénombrées dans ce bassin. A l'inverse, sur le bassin de la Garonne, alors que près de 50 000 lamproies étaient dénombrées sur les stations de comptages en 2009, aucune lamproie n'a été observée cette année.
Pour les anguilles, il est important de rappeler que les comptages ne sont pas exhaustifs pour cette espèce. En effet, des voies de passages possibles pour cette espèce et non suivies par vidéo existent pour la majorité des stations. Et même lorsque celles-ci empruntent les passes à poissons, leur comptage est parfois rendu difficile (poisson nageant au fond). Leur faible nombre à Vichy et Poutès est vraisemblablement à mettre en lien avec les faibles effectifs présents dans le bassin (comparé aux capacités d'accueil). Rappelons qu'un règlement européen existe sur cette espèce. Néanmoins, elle est pêchée à tous les stades (civelle, anguille jaune et anguille argentée) via un système de quota. Le recrutement des 2 dernières années a été plutôt meilleur mais on est loin de l'abondance passée.
Il me semble (comme vous le constatez) que globalement les résultats sont en-deçà des attentes. Néanmoins, des progrès ont eu lieu et il est primordial, pour la conservation de ces espèces et de leurs milieux, qu'ils s'intensifient de manière à apporter des résultats beaucoup plus positifs.
A votre disposition pour reparler de tout ça,
Bien cordialement.
Marion Legrand (Hoffmann)
Chargée de Programme
Tableau de Bord SALT du bassin Loire
Association LOGRAMI
Hors ligne
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